À mains nues, le 1er roman de Mrs Roots qui se veut afropéen

A mains nues, Laura Nsafou

Impossible de ne pas connaître Laura Nsafou quand on traîne sur le french #BlackTwitter. Connue sur les réseaux sous le pseudo de Mrs Roots, c’est aujourd’hui la blogueuse afroféministe française la plus famous ! Son 1er roman paru en mars 2017, À mains nues, s’inscrit dans une nouvelle mouvance, qu’elle appelle la littérature afropéenne.

Une héroïne noire fragile

L’héroïne, Sibylle, est une jeune Suédoise d’origine somalienne. Elle est atteinte d’un terrible handicap invisible : l’haptophobie, un trouble extrêmement rare qui l’empêche de toucher et d’être touchée par les autres, car c’est sa grande peur. Être bousculée par les gens dans la rue provoque chez elle de véritables crises de panique, accompagnées de cris et de tremblements. S’ensuit un sentiment profond d’humiliation et de honte qui la met plus bas que terre.

Paralysée socialement et affectivement, Sibylle travaille tout de même comme serveuse dans un café à Stockholm. Elle n’a que deux amis : Saad, un métis arabo-américain qui est le seul à la connaître vraiment, et Kaisa, une rousse d’origine finlandaise (petit melting-pot amical original, du coup). Bien sûr, la jeune femme ignore tout de l’amour et n’a jamais eu de boyfriend.

Laura Nsafou explique dans des ITW qu’à travers Sibylle, elle voulait casser l’image de la femme noire forte. Car c’est toujours ce que la société exige des femmes noires, qu’elles soient fortes et encaissent le pire sans broncher, telles des super women. Avec cette héroïne noire vulnérable, elle fait passer ce message à ses semblables : “vous avez le droit de ne pas aller bien, d’être faibles, de craquer”.

Haptophobie et amour ?

Le tournant pour Sibylle, c’est lorsque Kaisa lui présente Matza, un ami allemand venu pour donner des cours de danse à Stockholm. Pour la première fois, la jeune fille aura envie de dépasser ses limites.

Matza n’est pas juste un danseur subjuguant. C’est aussi un jeune homme plein de bonté, de délicatesse et d’attention, qui ne reculera pas devant sa phobie. Mais saura t-elle braver son haptophobie par amour ? C’est ce que vous saurez si vous lisez ce roman très prenant et, sans vouloir faire de mauvais jeu de mots, très touchant.

Vers une littérature « afro-universelle »

Pourquoi a t-on l’impression de vraie nouveauté quand on lit ce roman ? Parce que le sujet principal, ce n’est pas l’Afrique, l’immigration, la colonisation ou encore le racisme.

C’est l’histoire de combat et d’amour d’une nana qui aurait très bien pu être Chinoise ou Brésilienne, une histoire universelle finalement. Et c’est aussi ça, en tant que jeune noir vivant en France en 2018, qu’on a envie de lire. Des romans pouvant parler à tout le monde, mais dont les héros sont noirs.

Je terminerai donc par une phrase de la préface, écrite par Laura elle-même : “Sibylle est sortie d’une salle d’attente où patientent de nombreuses héroïnes afrodescendantes. J’aime penser que, d’une manière ou d’une autre, elles sont toutes légitimes à composer ce qu’on appelle l’universalité”.

Extrait :
– Tu veux qu’on essaye ?
– Saad, c’est pas comme ça que ça mar…
– Ça coûte rien d’essayer, non ?
Un frisson parcourut la jeune femme. Elle pouvait sentir la proximité de ses doigts près de ceux de Saad, enveloppés d’une complicité si forte. Il lui suffisait seulement d’approcher un peu plus, juste un doigt, pour effleurer la paume de son ami. La respiration de Sibylle devient plus lourde. Saad ne la quittait pas des yeux.

Je vous invite à lire la chronique de @Clumsy_Mummy amie de Mrs Roots et également auteur, et bien sûr à acheter le livre (en rupture de stock en version papier pour le moment, mais il existe aussi en version ebook !).

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